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Souviens-toi
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26 avril 2017

J+323 : Un UNIverS à part entière

"Mamaaan, ils travaillent en chaussettes et ils font la planche !"

Je connaissais le lieu et j'avais déjà rencontré la quasi-totalité des membres de l'équipe. Pourtant, en poussant la porte 1635, le 7 mars dernier (encore un 7 !), j'étais loin d'imaginer l'univers à part entière dans lequel j'avais tout fait ces huit derniers mois pour mettre les pieds.
Résumée façon top 3, ma première journée dans le monde Narnia l'univers de Google a donné à peu près ça :
1. J'étais à peine arrivée quand ma manager m'a invitée à venir avec eux à la cabane à sucre fin avril.
Heu... [tentative de connexion neuronale] le 30 ? Mais... mon contrat finit en théorie le 3. 
Hum... oui, et alors ?
Et alors ? Passée la surprise liée au fait que, dans mon pays à moi, on n'intègre pas les petits nouveaux/employés temporaires aussi vite et intensément que ça, "CA.B.A.N.E À S.U.C.R.E" : autant dire que mon estomac a capoté (être dans tous ses états, être excité, s'emballer pour quelque chose... rien à voir donc avec une "capote" française !) et moi, of course, j'ai accepté.
2. Au sol, dans l'intégralité du bureau, il y a de la moquette. Non, c'est pas ça qui m'a fait halluciner. Quoique, 10 ans plus tard, je m'interroge encore sur le pourquoi du comment de ce phénomène nord-américain. Il y a un lobby mafioso spécialisé dans le commerce de la moquette, c'est ça ? Bref. Les pas, sur la moquette, à moins de se déplacer tel un éléphant, techniquement, ça s'entend peu (ou pas, dans mon cas... d'où mon surnom les jours suivants de ninja). Mais, alors... C'est quoi ce bruit de frottement bizarre ? Intriguée, j'ai relevé les yeux et non, je n'hallucinais pas : un collègue, puis, quelques minutes plus tard, un autre collègue marchaient... en chaussettes !!!
Chaussettes, jeans, baskets : aux oubliettes le risque de potentielles boulettes de maudite française, dans mon nouvel univers à part entière, à moins d'avoir un meeting dans la journée, c'est correct !
3. Et puis, à 11h, alors que j'étais plongée à fond dans les nombreuses informations que j'allais devoir mémoriser en vitesse accélérée...
Tu viens faire la planche ?
Mon cerveau a littéralement beugué.
Heu... la quoi ???
Ah, ben... en l'occurrence, j'avais bien compris. Tous mes collègues étaient déjà au sol, prêts pour 1 minute 30 de renforcement abdominal. 

Ils travaillent en chaussettes, ils font la planche (deux fois par jour), ils travaillent côte à côte (bien qu'ils aient tous un bureau) dans la salle de réunion (rebaptisée sun room) ou dans la sofa room (qui doit son nom au canapé super confortable arrivé en même temps que moi), ils se racontent leur vie, ils font parfois des sorties, ils m'expliquent les différences culturelles autant qu'ils s'intéressent à mon pays. Et puis, en plus de leur accent rigolo (oui, bon, je sais, théoriquement, ici, celle qui a un accent, c'est moi !) et de leurs québécismes à gogo (c'est comme, bon, ben, t'sais, c'est correct, p'isvoyons, ), ils ont des conversations à l'image de la famille que j'ai toujours voulu avoir : bilingue.  

Tu fais partie de la famille maintenant.
Ils m'ont formée, ils m'ont conseillée. Ils m'ont souri, m'ont dit merci, m'ont complimentée et félicitée aussi. Ils m'ont faire rire, ils m'ont fait pleurer. Ils ont rebâti pierre après pierre lego après lego la confiance en moi que mon pays avait détruite.
Pour la toute première fois de ma vie, exit les "pas au bon endroit", les "en bonne voie", ce que je sais, ce que je sens depuis huit mois au plus profond de moi s'est confirmé : cette fois, j'étais au bon endroit. Ces six semaines (quatre, puis deux supplémentaires), c'est la raison pour laquelle, ça aussi je l'ai senti, je devais venir au Canada.

Oui, il me reste encore un bout de désert à traverser. La différence, aujourd'hui, c'est que ma sensation de soif est étanchée et qu'il a, dans mon sac à dos, une énorme gourde remplie d'eau. L'aridité et les tempêtes de sable peuvent venir me chercher, désormais, je suis parée pour les affronter les surmonter.

Parce qu'elle a déclenché un beau fou rire lors de ma fête de départ (et aussi, j'avoue, parce que je vois pas du tout dans quel thème d'article je pourrai la ressortir un jour !), voilà l'expression que m'a sortie un collègue : avoir la broue dans l'toupet (à prononcer /toupète/).
La QUOI ??? [yeux écarquillés au max de leur capacité]
Avec un peu de contexte, ça donne :
Je crois que tu te rends pas compte à quel point tu m'as aidé. Sans toi, j'aurais la broue dans l'toupet.
Toujours pas ? Bon, ok, petit cours linguistique : la broue désignant la mousse de la bière, ici, au Québec, lorsqu'une personne en a jusque dans le toupet, ça veut dire qu'elle est débordée.
Bon, ben, maintenant, à moi de provoquer un contexte pour pouvoir la réutiliser...

art

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Commentaires
A
Tu feras toujours partie de la grande famille d'UNIS Tiphanie!
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