J+127 : Go Habs Go

12 octobre 2016

Quand tu réalises que les Canadiens de Montréal jouent à domicile pendant que ton cousin vient te rendre visite, ni une, ni deux, tu prends les mêmes et tu recommences FONCES !

Étape n°1 : Tu te connectes sur le site internet du Centre Bell, tu t'aperçois que, bien qu'il s'agisse d'un match de pré-saison, les prix s'envolent très vite, très haut. 700$ pour décupler ses chances de se faire agresser par une rondelle (un palet) ? Les gens sont fous !!! Mais qu'est-ce que ça doit être pour une finale de ligue ?! Pour toi, peu de risques de finir avec un œil au beurre noir : à 30$ la place toutes taxes incluses, tu as opté pour le panorama de fou.
Étape n°2 : Après une bonne bière pour te mettre dans l'ambiance, tu te diriges vers le fameux Centre Bell, comme tout un tas de fervents supporters, à en croire leur tenue. Tu analyses leur chandail (ici, haut à manches longues), tu t'aperçois que - Price 31... Price 31... Price 31... -, ils ont presque tous le même nom de joueur floqué dans le dos. Nan mais bordel, c'est qui ce Price 31 ???
Étape n°3 : Une fois arrivé(e) à destination, tu découvres qu'on ne franchit pas les portes du Centre Bell comme ça [petit claquement de doigts]. Il faut d'abord passer l'épreuve du détecteur de métaux. L'hiver, avec toutes les couches de vêtements, ça doit être assez folklo ! Première entrée, premier monsieur-de-la-sécurité : les casques de vélo et appareils photos devant être consignés, il est préférable de passer par une autre entrée. Rebroussage de chemin, toi, complètement déprimé(e). Assister au match sans appareil photos ? Hein ? Quoi ? Naaan !!! Heu... pleurer, c'est autorisé ? Ou les larmes aussi doivent être consignées ?
Tu approches monsieur-de-la-sécurité n°2. Tu ouvres ta sacoche d'appareil photos - impossible de cacher ton reflex et ton zoom superpuissant - et, la boule au ventre, tu appréhendes. "C'est bon, vous pouvez y aller." Wait... c'est tout ??? Sérieux ??? Pas besoin de me le dire deux fois, je cours de ce pas !
Étape n°4 : Forcément, avec toutes ces péripéties, bien que tu sois arrivé(e) en avance, tu vis l'ouverture du match (hymne, entrée des joueurs) depuis l'escalator... Arrrgh, surtout, ne pas s'énerver !
Étape n°5 : Tu rentres dans la patinoire et là... OUAOUUUH ! Panorama de fou sur les gradins bondés de supporters aux couleurs de l'équipe (rouge, blanc, bleu). Et toi dans tout ça ? 1-Tu enlèves le gros manteau que tu as prévu pour survivre au froid car, finalement, tout en haut, c'est pas si pire (traduisez : il ne fait pas si froid), 2-tu te retrouves en pull bleu (la seule des trois couleurs que tu possèdes en vêtement chaud), la couleur des Maple Leafs de Toronto. Au milieu des supporters des Canadiens tous vêtus de rouge et blanc, tu commences à paniquer... pour rien. Des "bleus", il y en a quelques uns et personne ne leur jette de tomates. Loin des stades de foot français ou, pire, italiens, ici, la différence, on l'accepte et on la respecte. Il n'empêche que tu encourages les Canadiens parce que, ça a beau ne plus être la saison des tomates, on n'est jamais trop prudents ! So... GO HABS GOOO!!!
Étape n°6 : Les encouragements, parlons-en ! Il y a les cris, les applaudissements et puis, il y a aussi les chants. Ouai, le genre de chansons qui, une fois dans ta tête, se fraie une petite place douillette façon punaises de lit (phénomène problématique très répandu ici). Allez, tous en cœur : "Allez, allez, allez. Aaallez, Montréaaal. Allez, allez, allez. Aaallez, Montréaaal. Allez, allez, allez. Aaallez, Montréaaal. On peut gagner. On peut gagner. On peut gagneeerrr."
Étape n°7 : Entre les tiers-temps aussi il y a de l'animation. Pendant que des messieurs collent de nouvelles publicités tout autour de la patinoire et lissent la glace, les spectateurs, eux, doivent lever les yeux à la recherche de la caméra des bisous / coucous. Toi, sur ton arbre siège perché, tu essaies d'imaginer ce que tu ferais si la caméra te filmait. Assise entre ton cousin et ta coloc', ça limite certes un peu le bisou mais pourquoi pas te mettre à danser ?! Fin bon, perchée tout là-haut en arborant les couleurs de Toronto, il y a peu de chances pour que tes grosses joues fassent soudainement leur apparition sur l'écran géant.
Et puis, il y a Youppi. La mascotte de l'équipe de Montréal. Youppi, c'est comme Georges (Georges de la pub de gomme à mâcher, hein, on s'entend, pas Georges Clooney !) : il est doux. Roux, poilu (vraiment très poilu !) et barbu aussi. Mais Youppi qu'est-ce que c'est ? Un homme ? Un animal ? Boh... Youppi reste un mystère !
Étape n°8 : Le match (oui parce que c'est quand même avant tout pour ça que tu es venu(e), rappelons-le) Si tu ne maîtrises pas toutes les règles, pas de souci car, contrairement au foot qui peut s'avérer très chiant, au hockey, il y a toujours de l'action. La vitesse à laquelle ils glissent est magique ! Pas le temps de les repérer qu'ils ont déjà enjambé la barrière pour céder leur place à leurs coéquipiers.
Étape n°9 : En matière de règles, il y en a une qui te perturbe particulièrement : les bastons. Le respect d'autrui a beau être une valeur clé dans ce pays, mets tout un tas de créatures testostéronées en compétition, tu t'apercevras que, peu importe sa nationalité, un homme reste un homme. Résultat : après un premier tiers-temps respect-fairplay, le deuxième c'était plutôt tensions-à-fond-les-ballons et le troisième carrément jeux-de-mains-jeux-de-vilains. En une fraction de secondes, deux joueurs initialement attirés par la même rondelle en viennent aux poings et - là où ça devient méga perturbant - personne n'intervient ! What the f***??? Comme ils ont préalablement jeté leur bâton (crosse) à terre, il paraît qu'ils ont le droit. Enfin le droit... bâtons en mains ou pas, ils feront quand même un tour par la case prison. Oui oui, prison ! Chacun dans leur coin, assis, interdits de match pendant un certain temps, encerclés par quatre vitres de protection... punis.
Étape n°10 : Tu résous le mystère Price 31. En fait, Price - Carey de son prénom -, c'est le gardien ! Et, vu comme il joue bien, toi aussi tu envisages l'espace d'un instant faire floquer un chandail à son nom. Cela dit, après réflexion, tant qu'à casser ta tirelire, tu préfères investir dans des bottes méga moumoutées. Oui, parce que, toute cette glace, toi ça te fait surtout réaliser que l'hiver ne va pas tarder à pointer le bout du nez. Bref... pour en revenir à Carey, il va de soi que son talent a contribué à mener l'équipe à la victoire. Alors, forcément, tu applaudis... et - intérieurement - tu t'écris "Allez, allez, allez. Aaallez, Montréaaal. Allez, allez, allez. Aaallez, Montréaaal. Allez, allez, allez. Aaallez, Montréaaal. On peut gagner a gagné. On peut gagner a gagné. On peut gagneeerrr A GAGNÉÉÉ !"