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Souviens-toi
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22 février 2017

J+260 : Angoissée, moi ? Naaaaaan !

On me décrit souvent comme une femme forte et courageuse. Moui... heu... alors, petit conseil à toute personne partageant cette impression : cessez toute lecture sur le champ ! Car, non, on ne naît pas forte et courageuse, d'obstacle en obstacle, on le devient. Et, en matières d'obstacles, s'il y a une expérience qui a testé ma résistance physique et psychologique ces trois derniers mois, c'est bien ma demande de modification de visa.

NOVEMBRE
J'y pensais depuis plusieurs mois. Une démission et un WE Day plus tard, j'ai franchi le pas et passé la visite médicale requise pour lever l'interdiction de travailler avec des enfants. 
À Montréal, les cliniques médicales agréées par le service d'immigration canadien sont aussi nombreuses que les tarifs proposés. Pour les mêmes examens et les mêmes résultats. Oui, oui ! 220$ (160€) pour la moins chère, tout de même, déjà !
Moi qui me la suis jouée "Ah ben j'y suis allée juste avant de venir, j'ai pas envie... comme c'est balo !" à chacune de mes visites médicales professionnelles, cette fois, impossible d'échapper à l'examen n°1 : le test d'urine. Oh boy! Avec ma vessie de chameau, dur dur de pisser sur commande. Alors, pour mettre toutes les chances de mon côté, j'ai bu beaucoup de thé au déjeuner (petit déjeuner... 8 mois plus tard, la non-correspondance des noms des repas, je ne m'y fais toujours pas !). Résultat : en arrivant, j'étais comme "Bonjour, excusez, c'est par où le petit pot et la salle de bain (toilettes) ?" Sauf qu'il fallait procéder à mon enregistrement avant... Ostie de calice ! (succession de vilains mots traduisible par le fameux "p§@#?* de m@#?*" français)
Retour en salle d'attente (qui porte bien son nom !), puis examen n°2 : taille, poids, tension... avec mes vêtements et mes bottines ! Heu... vous êtes sûre ? Nan parce que ça va fausser ma taille de deux-trois centimètres déjà et aussi et surtout... mon POIDS !!! Quand elle m'a annoncé les chiffres en mode "C'est correct ?", j'avais juste envie de crier "Ben bien sûr que non c'est PAS correct ! Je suis plus petite et surtout moins lourde !", mais je me suis retenue car chialer (râler), pour une Française, c'est tellement cliché ! Et puis, après tout, c'est pas deux-trois centimètres ou kilos en plus qui remettront en cause l'obtention de la modification de mon visa...
L'enregistrement de données d'identité erronées potentiellement si, par contre ! What the f***??? La secrétaire a pourtant créé mon dossier les yeux rivés sur mon passeport ! Je ne comprends toujours pas comment elle s'est démerdée pour inverser mes deux prénoms et se tromper dans la date d'expiration de mon passeport... Heureusement que je m'en suis aperçue car, si le Canada agit comme la France en matière d'administration, c'est un coup à découvrir des semaines plus tard que mon dossier a été bloqué et qu'il faut tout recommencer !
Bref, après rectification, direction l'étage du dessous pour la radio des poumons. Vêtue d'un charmant chandail (t-shirt) rose d'hôpital, plaquée contre la machine, j'ai dû inspirer profondément de façon à surgonfler mes poumons, bloquer ma respiration et, surtout, ne pas bouger. Heu... c'est bon là, loulou ? Parce que mon cerveau est deux doigts de décéder ! Il devient urgent de le réoxygéner !
Pour la réoxygénation, rien de tel qu'un passage par la rue car les tests sanguins ont, eux, lieu dans un autre bâtiment. Les tests hépatites-SIDA c'est comme les contrôles routiers : j'ai rien fait de mal donc rien à craindre, il n'empêche que j'appréhende toujours fortement les résultats ! Plus qu'à croiser les doigts pour que madame Doctoresse ne me rappelle pas...

DÉCEMBRE
Si, deux jours après ma visite médicale, je trépignais déjà d'impatience en mode "Hum... c'est bon ? Le service d'immigration a reçu mes résultats ?", il fallait, en réalité, compter une semaine pour que le cabinet médical les reçoive, plus deux semaines pour qu'ils parviennent au service d'immigration, censé m'avertir pour que j'enclenche la demande de modification. Bon, un mois plus tard, sans nouvelles de leur part, j'ai pris le taureau par les cornes mon téléphone, composé leur numéro, les 150 000 options requises pour parler à une vraie voix et attendu looongtemps... assez, du moins, pour entendre la madame (oui, même les adultes disent ça !) pré-enregistrée me mettre en garde plusieurs fois contre les fraudeurs... pour découvrir que oui, en l'occurrence, ils les avaient bien reçus. Hum... et vous comptiez me prévenir quand ??? Clairement, je ne pouvais pas répondre ça. Du coup, à défaut, j'ai opté pour un "Merci. Bonne journée." super poli, toute contente de la bonne nouvelle... et loin, trèèès loin, d'imaginer que les problèmes ne faisaient que commencer !
Si le formulaire à remplir et la liste des pièces jointes à fournir se trouvent facilement sur le site internet du service d'immigration, le questionnaire d'éligibilité est tellement ambigu que chacune de mes tentatives aboutissait systématiquement au même résultat : j'étais rendue dans le bassin 2017 des demandeurs de PVT. Sauf que, problème n°1, je n'ai légalement le droit d'obtenir qu'un PVT dans ma vie et, problème n°2, ce que je voulais, moi, c'était modifier celui que j'avais déjà ! J'ai lu le site internet du service d'immigration en long, en large et en travers, rappelé leur ligne à 150 000 options, été menée sur une fausse piste par une vraie-voix qui n'avait, à l'évidence, pas compris mon problème, consulté tous les forums traitant de mon cas, subi l'humeur "Tu chauffes, tu brûles, tu refroidis." d'un administrateur (Nan mais t'as cru que j'avais 4 ans ??? Le but de ton forum c'est d'apporter des réponses à mes questions, pas de chasser un trésor, tabarnak !), harcelé de questions les PVTistes ayant surmonté ma situation... Bref, le stress, le désemparement, la colère, la peur : en pleine "crise" (la fameuse phase n°2 de l'immigration), j'ai poussé à bout mon cerveau. Pourquoi est-ce que je continue à me battre ? à suivre mon cœur plus que ma raison ? Et si, l'épanouissement professionnel, je n'y avais pas droit ? Et si j'étais supposée tout arrêter, faire mes valises, rentrer, regarder ma famille dans les yeux et admettre que j'avais échoué ? Quand les larmes ont pointé le bout du nez, mon cerveau a capitulé. 
Finalement, de recherche en recherche, il m'a semblé trouver la solution. Inscrite dans le bassin 2017 des PVTistes, je n'avais plus qu'à attendre que le service d'immigration fasse le lien avec mes résultats médicaux et me demande de télécharger mes documents...

JANVIER
... Ou pas !
Mi-janvier, sans retour du service d'immigration, j'ai de nouveau attrapé mon téléphone. À force, les touches des 150 000 options je les connaissais sur le bout des doigts ! 30 minutes (oui oui... TRENTE MINUTES !) de petite musique et messages pré-enregistrés plus tard, j'ai découvert que, non, je n'avais pas fait la bonne manipulation.
Le temps s'est arrêté. Mon cerveau a littéralement cessé de fonctionner. Puis, le choc a laissé place à l'hystérie. Des larmes torrents incontrôlables ont dévalé mes joues. J'avais envie de fracasser violemment mon corps tout entier contre un mur, de tout détruire autour de moi mais, paradoxalement, j'étais incapable ne serait-ce que de me relever. J'ai demandé, avant d'entrer au Canada, un permis d'études ou de travail qui a été approuvé, mais n'a pas été délivré à un point d'entrée. Maudit énoncé ambigu !
Quand les larmes se sont calmées, j'ai réussi à rectifier mon erreur (le paiement des frais de 250$/180€ était là pour l'attester), mais je n'étais plus tout à fait là, plus tout à fait moi. Je tenais à peine sur mes jambes, incapables de supporter mon poids, et j'avais la sensation de planer au-dessus de mon corps, comme si j'étais droguée, comme si... mes neurones avaient brûlé.
Comment peut-on se mettre dans cet état-là ? Comment peut-on frôler le burnout pour un visa ?

FÉVRIER
Un mois plus tard, les planètes se sont alignées (à moins que ce ne soit l'œuvre des éclipses lunaires et solaires en phase de pleine et nouvelle lunes... ?). À la veille de mon entretien pour l'organisme pour lequel je rêve de travailler depuis 7 mois, mon visa a été approuvé !!! Envoyé à domicile, je n'ai même pas eu à louer une voiture pour faire le tour du poteau (sortir du pays pour repasser la frontière aussitôt) ET, cerise sur le gâteau, il n'y a aucune coquille. Si je n'ai toujours pas le droit d'exercer "un emploi lié au commerce du sexe comme les bars de danseuses nues, les salons de massage ou les services d'escorte", l'interdiction de travailler avec des enfants a, elle, disparu !

L'ironie dans toute cette aventure de fou c'est que, dix jours avant l'approbation de la modification de mon visa, mon inscription au bassin 2017 des PVTistes (que je n'avais, dans le doute, pas supprimée) a été tirée au sort ! Quelle était la probabilité pour que moi, tout petit moi, je sois tirée au sort sur plusieurs milliers de candidats en l'espace d'un mois ?!! Quand je pense que certains le tentent chaque année sans succès et, moi, j'ai été sélectionnée à chaque fois. Si c'est pas un signe que ma place, là, maintenant, tout de suite, est au Canada, ça...

art

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Commentaires
C
Trop cool ! Ton acharnement à payé :-))
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