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Souviens-toi
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15 juin 2016

J+8 : Les Québécois sont GEEENTIIILS !!!

Se réveiller à 7h un 7 juin pour embarquer porte 17 et poser son fessier place 7A... avec autant de sept, ce nouveau chapitre de ma vie s'annonçait plutôt bien. Cela dit, j'étais loin de m'imaginer à quel point.

Tout a commencé à l'enregistrement quand le monsieur m'a demandé de poser mes valises sur la balance :
Moi, la boule au ventre à l'idée du montant astronomique dont j'allais devoir me déposséder : Je crois que je suis au-dessus. (règle n°1 : toujours minimiser l'ampleur des dégâts.)
Lui : On va voir ça. [...] C'est tout bon !
Moi : Mais... pour la surcharge ?
Lui : On va considérer que j'ai rien vu.
Réussir à passer avec un total de 67kg (17kg + 26kg + 24kg) au lieu des 50kg (10kg + 23kg + 17kg) autorisés sans débourser un seul centime, autant dire que j'étais refaite !
Avec mes deux ordis, mon reflex, mon gros disque dur, des chargeurs électriques en-veux-tu-en-voilà, le contrôle de sécurité aussi je l'appréhendais... Mais en fait nan, eux aussi, ils ont été super cools. Et, une fois dans l'avion, avant même que je soulève mon bagage à main, un monsieur l'a attrapé pour m'aider à le ranger. Oooh !? Les planètes devaient être sacrément bien alignées !

Et depuis, tout s'est enchaîné. Le passage de la douane, le service d'immigration, la banque, le service Canada... c'est fou ce que l'administration est bien organisée (!) :
- la longue file d'attente à la douane s'est dissoute en 10 minutes top chrono ;
- l'attente de 15 minutes au service d'immigration était uniquement due à un problème informatique ; une fois résolu, en 10 minutes maximum, c'est mon numéro qu'on appelait ;
- la banque qui n'avait présentement aucun conseiller disponible quand je me suis pointée comme une fleur en fin de matinée pour ouvrir un compte m'a proposé un rendez-vous à 14h, le jour même. En 45 minutes, j'étais l'heureuse propriétaire d'un compte bancaire (vide) et d'une carte de débit (que j'aurais même pu obtenir immédiatement si je n'avais pas choisi l'option gravée-à-mon-nom) "livrée sous 5 jours" qui était dans ma boîte aux lettres 48h plus tard ;
- le bureau du service Canada où le plus long aura été d'attendre que la seule personne devant moi finisse d'énoncer son problème administratif et de désapprouver la réponse qui lui a été faite (et encore, quand je dis désapprouver, on est loiiin des gueulantes que les Français passent leur temps à pousser... ici pas de cris, pas de mots déplacés, on sait s'exprimer). Une fois mon tour venu, le monsieur m'a juste demandé mon nom, mon prénom, la raison de ma venue et m'a indiqué la salle d'attente avec ses rangées de chaises alignées toutes dans le même sens en rangs d'oignon en mode je-vais-assister-à-un-spectacle, chaises où j'ai d'ailleurs à peine eu le temps de poser mon fessier que j'étais déjà appelée. Bref, 5 minutes plus tard, j'avais un Numéro d'Assurance Sociale. Je pouvais officiellement travailler légalement au Canada. Et pour le faire, tout ce qu'on m'a demandé c'est mon passeport et mon permis de travail agrafé à l'intérieur. C'est tout. Bienvenue au Canada !

Mon permis de travail, parlons-en ! Cette grande feuille toute colorée, pliée en 15 000 qui double l'épaisseur de mon passeport et qui constitue la seule preuve de ma présence légale au Canada. Si je savais que je n'avais pas le droit de travailler dans le domaine de la santé ou en lien avec des enfants (sans avoir passé un examen médical au préalable), j'ai découvert que mon permis ne m'autorisait pas non plus à exercer "un emploi lié au commerce du sexe comme les bars de danseuses nues, les salons de massage ou les services d'escorte." Du coup, passée la déception (trop dégu', moi qui pensais faire carrière !), mes neurones ont commencé à cogiter. Pourquoi ? Parce que c'est illégal ? Ou parce que ce genre de professions nécessite également un examen médical au préalable ??? Il faut que je me renseigne... ça m'intrigue !

À défaut de pouvoir investir à des fins professionnels dans la multitude de perruques et de vêtements cheaps et plutôt courts qui envahissent les magasins de la rue dans laquelle je vis en AirBnB jusqu'au 1er juillet, j'ai repris les recherches d'emploi. Et, cette fois, c'est sûr, il se passe quelque chose au niveau des planètes !
J'ai recontacté le chef exécutif d'une pâtisserie française sur le point d'ouvrir une sixième boutique avec dans l'idée de décrocher un poste de vendeuse. Quelques heures plus tard, il me rappelait pour me proposer un poste de... pâtissière.
Lui : Ça vous irait la production ? Je peux vous faire commencer dès demain.
Moi (sur le cul) : Mais vous cherchez quel niveau ? Parce que j'ai baigné dans le milieu, mais je n'ai pas d'expérience en entreprise.
Lui : Vous avez le diplôme ?
Moi : Oui.
Lui : Alors on va vous prendre en charge.
Le point noir dans l'histoire c'est l'emplacement excentré du laboratoire de production qu'il est difficile d'atteindre à 3h du matin avec les transports en commun.
Le lendemain, j'ai reçu l'e-mail d'une directrice d'une école Montessori pour me proposer un entretien. Ce qui m'a reboostée pour envoyer d'autres candidatures et a provoqué la réception d'une deuxième proposition d'entretien dans la foulée.
Ah oui et sinon, Ubisoft cherche un localisateur (=traducteur) !

Aux recherches d'emplois s'ajoutent les recherches de logement qui deviennent très compliquées avec toutes ces propositions. L'emplacement, la durée... mes neurones ne savent plus où donner de la tête ! Au total, j'ai visité quatre appartements : une chambre un peu petite avec des coloc's rigolotes, un appart' beaucoup plus grand habités par des gentils gothiques avec un énorme tatouage de serpent (oui, j'ai vu de tout !), dans le Plateau, près du marché Jean Talon... J'ai flashé sur le n°3 et, ça tombe bien car, à partir du 1er juillet, la chambre est toute à moi !!!

J'ai aussi entendu du français partout ! Et quand je dis français, je ne parle pas de nos cousins super gentils à l'accent rigolo (quoique, techniquement, ici, celle qui a un accent, c'est moi !). Je parle bien des nombreuuux Français de métropole partis pour leurs études ou pour travailler. Après, j'avoue, aller regarder les matchs de l'Euro 2016 de la France contre la Roumanie et l'Albanie dans un bar français, forcément, ça aide pas à entendre du québécois !

Comme je le disais, les Québécois (oui parce que j'en croise, quand même, parfois !) sont gentils, gentils, geeentiiiiiils !!! Ils me sourient, me demandent comment je vais, me souhaitent la bienvenue quand ils comprennent que je viens d'arriver... dans les services administratifs, dans les magasins, au restaurant... partout ! Ici, les couples homosexuels se baladent tranquillement, main dans la main, et ça ne choque personne qu'ils aient des enfants, personne ne regarde de travers les transgenres non plus ou ne snobe les sans-abris avec dédain (les itinérants, comme ils disent ici), au contraire, les gens leur donnent de l'argent, les conducteurs ne s'engagent pas au risque de bloquer la circulation, même après une dure journée de travail, aux heures de pointe, les gens attendent le bus en file indienne (personne ne se permettrait de grappiller tout le monde)... et moi, il y a même un collégien qui m'a tenu la porte !!! Mais pas tenu la porte style du-bout-des-doigts-sans-même-se-retourner, nan nan, tenu la porte en mode si-madame-veut-bien-se-donner-la-peine. Un peu plus et il me faisait une révérence ! Ça m'a tellement surprise que j'ai failli lui dire "Mais pourquoi tu fais ça, loulou ? Allez, va jouer les blasés comme tous les jeunes de ton âge." Sauf, qu'après réflexion, à son âge, au Canada, on ne fait peut-être pas ça...

Dans le quotidien aussi il y a des choses qui me surprennent encore (même si je les ai déjà vu aux USA), à commencer par la boîte aux lettres qui ne ferme pas à clé. Du coup, quand la banquière te dit que ta carte te sera envoyée par courrier, ton cœur s'accélère et tu commences à paniquer... Heu, vous êtes sûre ? Nan parce que j'habite pas loin, je peux venir la chercher, vous savez. Sinon, il y a les médicaments en libre service à la pharmacie ou les œufs... blancs ! Ça c'est un truc, il faut qu'on m'explique. Comment est-ce que, d'un continent à l'autre, un œuf peut passer de bronzé à albinos ? Après tout, un cul de poule reste un cul de poule ! Nan ?

Et, last but not least, le Québécois ! Hormis, l'accent rigolo, il arrive parfois qu'on ne se comprenne pas. Les Québécois ont tendance à inventer des mots français là où nous on se contente de les piquer à l'anglais. C'est ainsi qu'il m'a fallu quelques secondes avant de percuter que le téléphone intelligent dont le chauffeur de taxi me parlait n'était en fait qu'un smartphone. Gnaaaa ! (pour ma défense, un traducteur travaille toujours vers sa langue maternelle et non l'inverse !) À l'inverse, ils glissent parfois des mots anglais au milieu de leurs phrases avec un accent bilingue plutôt rarissime chez mes compatriotes (cette fois, c'est la prof qui parle !), comme quand l'hôtesse de l'air expliquait à une dame qu'elle devrait prendre son enfant sur les genoux le temps du décollage car, étant petit, sa ceinture était un peu loose
Ensuite, il y a les mots employés bizarrement : on a, par exemple, droit à un "Allô" quand on rentre dans un magasin et un "Bon jour" quand on en sort ! What the f***??? De la même façon, ici, les appartements sont équipés de laveuse et de sécheuse... ou pas, auquel cas on prend son linge sale sous le bras, direction la buanderie au coin de la rue. Il serait également erroné de visualiser un étalage de fromages en entendant parler de crèmerie car ce terme désigne en fait un glacier car les Québécois ne mangent pas des glaces, mais des crèmes glacées. D'ailleurs, si on leur propose de la glace, ils imaginent des glaçons... ou celle qu'on doit trouver dehors l'hiver par -30°C. Oui, ça devient compliqué !
Parfois même, l'anglais et le bizarre sont rassemblés dans une seule et même phrase. Exemple : lorsque l'hôtesse de l'air a annoncé au micro qu'elles allaient passer dans les allées avec des sacs poubelles "s'il y a des items (prononcé ici à la française... va Dieu savoir pourquoi !?) dont vous voulez vous départir".
Et puis, il y a les métiers. À l'évocation du mot "maîtresse" (je parlais des écoles Montessori), le copain de ma coloc' a souri. "Surtout, ici, n'utilise pas ce mot-là. On dit 'enseignante'." J'imagine la réaction d'un Québécois à la phrase - tout ce qu'il y a de plus normal pour un Français - suivante : "Je suis maîtresse, j'aime travailler avec les gosses." (les gosses désignant la partie du corps que les hommes passent leur temps à se protéger... ou se gratter, au choix... c'est moins glamour, j'avoue, mais tellement vrai !). Oh my God! (oui, ça aussi, ils le disent, en anglais, avec l'accent) Et, en cas de douleur dorsale, on va voir un massothérapeute ici, pas une masseuse parce qu'une masseuse... ben, à vrai dire, je ne saurais trop décrire la job (oui, ici job est féminin) de masseuse étant donné qu'elle fait partie de ces métiers que je n'ai pas le droit d'exercer !

art art art

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