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Souviens-toi
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31 août 2016

J+85 : La même, de l'autre côté de l'océan

Un mot. Une définition. Un semestre. Une dissertation.
En 2009, j'ai passé 4 mois à rédiger une dizaine de pages sur mes ancêtres installés aux USA. Wait, what???
"Heu... professeur J., je suis française en échange scolaire alors je n'ai pas d'ancêtres installés aux USA. Par contre, j'ai de la famille qui descend de l'oncle de ma grand-mère venu d'Italie pour travailler ici."
"Vous êtes française et vous avez de la famille aux États-Unis originaire d'Italie avec qui vous êtes toujours en contact 4-5 générations plus tard ?"
"Oui... ?"
"(...) Vous l'avez votre sujet de dissertation. Ça porte un nom : le transnationalisme." (= tous les liens économiques, politiques et culturels que les migrants maintiennent (ou perdent) et qu'ils créent avec leurs pays d'origine et de destination en cas d'expatriation.)

Aujourd'hui, le cas de transnationalisme, c'est moi. Une autre génération, un autre pays d'origine, une autre destination, mais des enjeux identiques. Au-delà des aspects économiques et politiques, il y a les relations que je crée et celles que je ne suis pas prête à perdre. Oui, je sais, j'ai tendance à un peu beaucoup trop m'accrocher même lorsqu'elles ont un rôle d'étoiles filantes, destinées à ne faire qu'une apparition de courte durée dans ma vie. Et les autres dans tout ça ? Les jolies additions, les piliers. Pourquoi est-ce qu'elles ne me répondent pas ? Pourquoi est-ce qu'elles ne m'écrivent pas ?
Je ne suis pas partie parce qu'elles ne comptaient pas. Au contraire, même à des milliers de kilomètres, j'ai besoin de savoir qu'elles vont bien, besoin de voir leur sourire, d'entendre leur voix.
"Ça va ?" Silence. "?" Radio. 
Il n'en fallait pas plus à la petite voix qui sommeille en moi... Et si j'avais moins d'importance à leurs yeux qu'elles n'en ont aux miens ? Et si je ne comptais pas ? Et si elles ne m'aimaient pas ?
... Et si, l'origine du silence, ce n'était pas ça ?

Je suis partie loin. Dans un autre pays, sur un autre continent. Vivre de nouvelles aventures.
Et si c'était ça le "problème" ? L'image qu'elles se font de mon expérience. L'idée que je vis en permanence des aventures exceptionnelles donc que tout va forcément bien pour moi, à chaque instant.
Et si ce n'était pas le cas ?
Où que l'on aille, peu importe le pays que l'on choisit, le décor a beau changer, les contraintes restent les mêmes. Travailler pour pouvoir payer mon loyer, mes factures (à commencer par celle du téléphone mille fois plus chère au Canada... sans parler des frais additionnels en-veux-tu-en-voilà ajoutés tous les mois !), rentrer explosée par toutes les heures supplémentaires de service à fond les ballons que j'accumule chaque semaine, épuisée de devoir sans cesse prouver qu'au-delà de la paire de seins, je suis un être humain... Attention, je ne me plains pas. Cette vie-là je l'ai choisie et, quand je pense à toutes les belles choses que je vis en parallèle, je ne le regrette absolument pas. Mais, peu importe le côté de l'océan que l'on choisit, le quotidien reste le même. Plus qu'une envie, l'expatriation est un projet qu'il faut bien mûrir avant de partir - partir pour fuir est un échec assuré - car, finalement, au bout du compte, la seule différence lorsque l'on pose ses valises à des milliers de kilomètres de nos proches, nos piliers, c'est que, ces contraintes, ces difficultés, ces obstacles, il faut être prêt à les affronter seul.

Et moi dans tout ça ? J'ai eu deux ans pour mûrir mon projet alors, oui, je suis prête à ramper dans la boue. Oui, par moments, je perds l'équilibre, je prends des coups, je m'écorche les genoux, mais je suis déterminée. Rien, ni personne ne m'empêchera de me relever. Je suis venue ici pour me construire, pour m'épanouïr (et je suis plutôt bien partie), ce qui ne m'empêche pas de penser très fort à vous, les loulous. ♥

art

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