Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Souviens-toi
Souviens-toi
Publicité
Newsletter
7 septembre 2016

J+92 : Mange-moi, mange-moi, mange-moi

7 juin - 7 septembre
Ça fait pile poil trois mois que j'ai posé mes valises au Canada. Trois mois. Un trimestre. Envolé. Pfiouuute... comme ça. Déjà !
Première étape de franchie, premier bilan. Et quel bilan !

Il y a quelques jours, j'ai réalisé qu'avec toutes les animations gratuites auxquelles j'ai participé sur Montréal cet été, j'ai surtout dépensé mes sous en... nourriture ! Et je ne parle pas des quelques achats hebdomadaires nécessaires à la survie de mon organisme. Je parle bien ici de toutes les activités occupant mes soirées et mes jours de congés. Grand moment épiphanique donc : j'ai pris conscience à quel point, manger, c'était ma façon à moi de prendre mon pied ! Certains vivent d'amour et d'eau fraîche, moi, je me sens bien quand je remplis mon estomac.
Mais attention ! Pas n'importe comment ! J'ai un estomac un tantinet exigeant. Et puis, comme il subit un sevrage charcuterie-fromage plutôt drastique depuis trois mois, pour compenser, j'essais de le chouchouter. Au travail, déjà, évidemment, avec tout un tas de pâtisseries aussi bonnes que jolies. Et ça commence avec le passage obligé des dégustations. Ben oui, il en va de la qualité de mon travail. Comment bien conseiller les clients si je ne sais même pas à quoi elles ressemblent dedans ? Tu sais que tu as le droit de goûter ? Boh, si c'est le Chef qui le dit, on va pas le contredire, hein ?!! Sauf que, quand la dégustation devient trop fréquente, même la crème pralinée ne te fait plus rêver. C'est pour dire ! Cela dit, vu que, pour mon foie, le beurre et le sucre c'est de la marde du poison, dans le fond, c'est peut-être pas plus mal.
Note à moi-même toutefois : à l'avenir, même si mon cerveau assimile les mots "beurre" et "sucre" à "poison" quand il est question de mon foie, éviter de qualifier l'œuvre d'un pâtissier de "merde" sous son nez... vus la passion qu'il a pour son métier et le temps qu'il a consacré à la façonner, il risquerait de se vexer !
Heureusement, pour contrebalancer, il y a les légumes du marché. Et je contrebalance tellement que, pour mes collègues, je suis cataloguée comme la fille qui mange super équilibré a.k.a. "Mme Légumes". Moui, heu... du coup, petit message à tous mes collègues chéris adorés : cessez toute lecture sur le champ, au risque de voir l'image que vous avez de moi radicalement s'écrouler !

Adaptation à ce nouvel environnement oblige... ou, du moins, compensation face aux prix charcuterie-fromage exorbitants (5,69$/4€ les 175g de ce qui ressemble le plus à du jambon... autant dire que, oui, je stocke à foison à chaque promotion !)... tu arpentes les rayons du supermarché à la recherche de produits de substitution.
Aaaah les rayons du supermarché ! Trois mois plus tard, tu t'éclates toujours autant à les explorer :
- tu cherches encore des produits qu'ils ne proposent pas (comme les Kub Or). Pourquoi tu t'acharnes ? Tu sais pas... Genre t'as cru qu'ils allaient apparaître comme ça, d'un claquement de doigts.
- tu réussis à en trouver d'autres après avoir bien galéré. Il faut dire qu'ils sont vendus sous une forme totalement inattendue (comme les bouillons de légumes/volaille liquides, en bouteille) ou placés dans des rayons improbables. Après trois mois de galère, je suis fière de pouvoir crier haut et fort que J'AI ENFIN TROUVÉ LA PÂTE À TARTE... au rayon surgelé, avec une forme et une couleur semblables à une boîte d'œufs (la pâte, hein, on s'entend, pas son emballage), en quantité proportionnelle à la taille du pays ! J'en suis encore à me demander avec quel couteau je vais bien pouvoir couper 1kg de pâte surgelée !
- et, parfois, tu tombes sur des produits inconnus au bataillon, comme la poudre blanche disponible au rayon épices. Hum... la cocaïne est en vente libre au Canada et on aurait zappé de me prévenir ? "Crème de tartre." Heu... déjà, c'est pas de la crème ton truc, c'est de la poudre ! Et deuxièmement... tartre ??? Comme sur les dents et les robinets quand on les lave pas ? What the f***? Bref, c'est dans ces moments de questionnements-là que tu bénis l'existence de Ricardo.

La toute première personne à m'avoir parlé de Ricardo c'est ma coloc' pour m'expliquer qu'elle avait surmonté la galère des conversions poids-tasses grâce à lui. Moi, sur le coup, j'ai cru que c'était son pote, alors j'ai pas relevé. Moui... sauf que, quelques jours plus tard, une deuxième personne a mentionné Ricardo. Et là, mon cerveau a tiqué... nan mais c'est le pote de tout le monde ce mec ou quoi ??? Hum... ou pas ! "Faire appel à Ricardo", pour ma coloc', ça ne signifiait pas lui poser la question de vive voix, mais... consulter son site internet ! Oui parce que Monsieur Ricardo est super famous, en fait ! Il a une émission de radio, une émission de télévision, un magazine, un site internet et tout un tas de livres de recettes à son palmarès. Pas étonnant que tout le monde le connaisse !
Bon, donc, d'ici quelques mois, quand il fera super froid et que mon estomac me suppliera de lui préparer de bons petits plats, avant de passer derrière les fourneaux, si je veux m'adapter aux produits et aux formats locaux, moi aussi, je me frayerai une petite place dans le cercle "très restreint" des potes de Ricardo.

En attendant, je chouchoute aussi mon estomac avec trois éléments incontournables icitte :
1. les bagels
2. les œufs bénédictines
3. la poutine.

Aaaah Montréal, la capitale du bagel ! Mes papilles salivaient déjà à l'idée d'en manger avant même de poser le pied sur le sol canadien. Bagel + cream cheese (ou fromage de crème, traduction oblige) = L'association parfaite. À côté, même un beau bûcheron à l'accent rigolo (rooo, le cliché !) ne ferait pas le poid.
Si les boutiques prolifèrent à chaque coin de rue, les deux piliers restent Fairmount Bagel, le plus ancien, et St Viateur Bagel, le plus succursalé, avec chacun leurs consommateurs-supporters. Désormais habituée aux dégustations-comparaisons avec toutes les pâtisseries du boulot, j'ai étendu ma nouvelle activité préférée à ma substitution de pain adorée. Après tout, moi aussi, je voulais choisir mon fournisseur number one.
Au détour d'un après-midi touristique bien rempli, je suis donc rentrée dans les deux boutiques et ressortie avec les mêmes produits : trois bagels sésame et trois bagels pavot, soit un total de 12 bagels (on dit merci monsieur l'inventeur du congélateur !).
Test olfactif tout d'abord : tu sors de chez St Viateur, tu sens comme une odeur de rôtisserie, ta partenaire de crime acquiesce ta constatation, trois quartiers plus loin tu réalises que l'odeur te poursuit... ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'elle ne vient pas d'une boucherie, mais de ton sac, banane ! Bref, cette odeur de rôtisserie, moi, elle m'a conquise et comme on la sent aussi en bouche, pour les bagels classiques, j'ai officiellement rejoint la team des adeptes de St Viateur. Cela dit, Fairmount a aussi obtenu mon approbation avec son bagel aux bleuets.
Maintenant qu'il y a de nouveau un peu de place dans mon congélateur (ben quoi ? je n'allais tout de même pas laisser le cream cheese dans mon frigo périmer...), je vais pouvoir y retourner pour tester tous les autres bagels aux goûts un peu plus originaux... hiiii !

Si, les bagels sont aussi souvent proposés au menu des nombreux restaurants de la ville, pour moi, l'aliment incontournable du brunch, ce sont les œufs. Et, ici, au placard les œufs brouillés, la spécialité ce sont les œufs bénédictines. Je connaissais les sœurs bénédictines, mais les œufs... non ! Sachant que l'ordre se trouve au Québec, il doit sûrement y avoir un lien (aaah déformation professionnelle, quand tu me tiens !). Quoi qu'il en soit... Il faut absolument que tu goûtes. Œufs pochés, muffin, sauce hollandaise, plus ingrédients divers et variés, pas besoin de me le dire deux fois. Pour moi, ça sera saumon gravelax, s'il vous plaît. À égalité avec les omelettes de mes brunchs d'étudiante américaine, j'avoue, je trouve ça vraiment bon, bon, bon !

And last but not least, mesdames et messieurs, roulements de tambours... ta-ta-ta-tiiin... j'ai nommé : la très célèbre POUTINE !!! Comme si les food trucks n'étaient pas déjà assez présents aux festivals, tous les premiers vendredis des mois d'été, ils ont leur propre soirée. Des camions en-veux-tu-en-voilà partout autour de moi. Le pied ! S'ils proposent des plats divers et variés, y a pas à dire, la reine de la soirée, ça reste la poutine. Des frites, du fromage en grains (a.k.a le fromage qui fait squiche-squiche), de la sauce brune. Nature, à la viande, aux fruits de mer, aux légumes... il y a du choix. Je dois désormais utiliser mes deux mains pour comptabiliser toutes les poutines que j'ai mangées dégommées depuis mon arrivée. À raison d'une moyenne de deux poutines par mois (et nous ne sommes qu'en été !), autant dire que ma réputation de Mme Légumes vient de s'effondrer !

Et, comme si mon équilibre alimentaire n'était déjà pas assez ravagé, début septembre, Montréal accueille le festival YUL EAT, un festival de nourriture avec de nombreuses dégustations gratuites. Nourriture. Dégustations. Gratuites. Moui... boh, au moins, mon estomac et moi, on était d'accord sur un point : les légumes, ça sera pour le lendemain !
S'il y a un chapiteau accessible en échange de la très modeste somme de 80$ (heu... à ce prix-là, on déguste quoi ? caviar-champagne ???), personnellement, je me suis "contentée" des quelques petits chapiteaux un plus loin. De stand en stand, il y a moyen de se faire un vrai repas. Petit apéro chez Maille avec dégustation de cornichons et de moutardes à gogo et atelier de création. Et, comme l'apéro, ça donne soif, ils ont tout prévu : dégustation d'eau pétillante aromatisée au citron-citron vert et boisson lattée au sirop d'érable quelques pas plus loin. En dessert, ce sera yaourts Liberté... ah ben nan, le camion est fermé ! QUOI ??? Naaaaan !!! Bon, pour compenser, pas le choix : direction mon camion de poutine au porc effiloché préféré !!!

Du coup, avec tout ça, quand, gros débat à la maison, la question était de savoir si, à choisir, on préférait un homme qui fasse bien à manger ou qui fasse bien l'amour, mon estomac étant fortement motivé pour influencer ma décision, j'avoue, j'ai galéré à me prononcer ! Heu... un bonus temps additionnel, c'est possible ??? Arrrf, non, pas grand chose... une petite vingtaine d'années, ça devrait suffire...

Histoire de rester dans le thème, j'ai choisi un quiproquo vécu au boulot. Nouvel emplacement de travail (la toute nouvelle succursale de mon entreprise), nouvelle clientèle (adieu touristes anglophones, bonjour employés québécois)... nombreux quiproquos en perspective !
Une cliente : Vous auriez de la liqueur ?
Moi [de marbre bien que... quoi ??? de la liqueur, un midi, à l'apéro... ah ben ça va, les retraités, ils se mettent bien au Canada !] : Non, on n'a pas encore la licence d'alcool.
La cliente : Nan mais pas de l'alcool, un breuvage [une boisson] comme du Coca, du Sprite...
Autant pour moi, en fait, icitte, la liqueur c'est du... SODA !!!

art art art art

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité