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Souviens-toi
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28 septembre 2016

J+113 : Tu vas trouver facilement

À chaque nouvelle rencontre, j'ai droit aux mêmes questions, posées dans l'ordre suivant, systématiquement :
1. Tu viens d'où ?
2. Tu fais quoi dans la vie ?
3. Tu es arrivée quand ?
Si la première et la troisième peuvent engendrer tout un tas de sujets de conversations...
"Oh, c'est vrai, vous venez de Chambéry ? Mon fils vit à Annecy !" (à échelle canadienne, Chambéry-Annecy, c'est la porte à côté)
"Oh, vraiment ? On habite à 20 minutes de Chambéry !"
"Oh, mais vous êtes encore toute nouvelle !" (mouai, fin, j'ai quand même déjà grillé 1/8ème de mon PVT !)
... la deuxième est surtout source de destabilisation. Pour y répondre sereinement, ça demande un minimum de confiance en soi : "Avant, j'étais traductrice trilingue et formatrice d'anglais. Aujourd'hui, je suis... serveuse." (enfin, serveuse... commis... mon activité en salle et mon relevé de paie semblent en désaccord sur le sujet) L'eldorado nord américain ? Cherche pas, y a pas ! Le Canada s'en est toujours bien sorti sans toi, il ne t'attend pas. Tu en veux, prouve-le !
Apprendre de nouvelles choses, tu adores ça. Retomber en bas de l'échelle sociale, ça ne te gêne absolument pas. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois. Et ça te pousse, au contraire, encore plus à chercher dans ta voie. 

Et puis, parfois, j'ai aussi droit à "Tu es venue toute seule ?". Si ma réponse provoque généralement un écarquillement de yeux mi-admiration, mi-incompréhension ponctué d'un "Ouaouh, tu es courageuse !" (courageuse ou complètement cinglée, leur regard est mitigé), parfois... "Oh, ben, ici, tu vas trouver facilement !". WHAT THE F***??? Nan mais qu'est-ce que tu veux répondre à une telle affirmation ?! Et puis, déjà... premièrement... pour commencer... D'ABORD (surtout, ne pas s'énerver !), qui a dit que je cherchais ? Tu as vu une petite pancarte autour de mon cou "recherche compagnon tout doux pour survivre à deux à l'hiver rigoureux" ? Non ? Bon !

Certes, la petite fille qui jouait aux Barbies avait tout prévu : rencontre à 23 ans, mariée à 25 ans, premier enfant à 27 ans, le deuxième avant 30 ans... ce qui laissait encore du temps pour un troisième enfant. Mais, à bientôt 28 ans, aucun de ces points n'a été atteint. Et pourtant... pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi épanouïe qu'aujourd'hui.
Alors oui, peut-être que j'ai l'âge. L'âge de trouver un mari, l'âge de faire des enfants, l'âge de m'endetter pour acheter un appartement. Mais... est-ce que ce serait vraiment grave si, toutes ces choses-là, je n'en voulais pas ? Et si je ne me sentais jamais prête à ouvrir mon cœur à un homme ? Et si je ne surmontais jamais ma peur d'avoir entre les mains le pouvoir de contruire comme de détruire l'avenir d'un tout petit être humain que mon corps aura façonné pendant plusieurs mois ? Et si la vie m'emmenait sur un autre chemin ? Si j'étais tout simplement différente ? Est-ce que la société pourrait l'accepter ? M'accepter ?

Tu vas trouver facilement.
Bien sûr que je vais trouver ! Mais pas un homme. Un emploi. Dans ma voie. Parce que c'est avant tout pour ça que je suis là. Pour l'homme, on verra... En attendant, si quelqu'un pouvait me prévenir lorsque j'aurai atteint l'âge de mourir, ce serait vraiment super sympa... histoire de ne pas être en retard, cette fois !

Petit Top 3 québécois inspiré de l'état dans lequel me met cette phrase que, j'ai beau répéter, je n'arrive pas à assimiler : 
1. Être tanné : en avoir marre. En contexte, ça donne : Je suis tannée d'être vue comme un petit être à caser. C'est gentil de vous inquiéter mais, aussi inconcevable que cela puisse paraître, mon célibat, je le vis même peut-être un peu trop bien.
2. Péter une coche : c'est probablement ce qu'il risque d'arriver si j'ai droit à cette réponse-là une troisième fois ! (= péter un câble, péter les plombs)
3. Agacer : le jeu préféré du plus québécois de mes collègues du musée ? Surmâcher ses mots et employer des expressions m'obligeant à le faire répéter au moins trois fois avant de reconnaître que, en matière d'intégration lexicale, j'ai encore l'Himalaya à gravir ! Loin de lui l'idée de me faire péter une coche , il vient juste "m'embêter", "me taquiner".

art

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