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Souviens-toi
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9 novembre 2016

J+155 : Because I am WE

En 10 ans, j'ai exercé plusieurs métiers. J'ai troqué les marqueurs effaçables et les copies à corriger contre les plateaux-repas et les serpillières d'un hôpital, j'ai arrêté de traduire pour servir les clients d'une pâtisserie, j'ai fait du bénévolat, aussi. Chacune de ces expériences m'a énormément appris. Mais, malgré l'enrichissement, systématiquement, je le savais, je le sentais : je n'étais pas au bon endroit. Ou alors, "seulement" en bonne voie. Mais en bonne voie pour quoi ? Je n'en avais aucune idée... jusqu'à cet été, où, pour la première fois, j'ai su. Pour la première fois, je le savais, je le sentais : j'étais au bon endroit, au bon moment. Ce jour-là, je passais un entretien dans les bureaux d'Unis (WE, en anglais), un organisme qui encourage les jeunes canadiens à organiser des activités, à devenir des leaders pour récolter des fonds servant à financer l'accès aux cinq piliers éducation-eau-santé-nourriture-opportunité dans huit pays du tiers monde.

Si l'organisme a finalement choisi un candidat plus expérimenté, l'un des recruteurs a tenu à m'appeler pour me prévenir parce qu'il avait "été touché par [mon] parcours". Touché par mon parcours. Les mots ont résonné à l'intérieur de moi. Ouah... Combien de personnes sont rappelées lorsqu'elles ne sont pas engagées ? Combien de personnes s'entendent dire par leur recruteur qu'il est touché par leur parcours ? Ce jour-là, passé le choc de l'appel au contenu inattendu, mon envie s'est transformée en détermination. Alors, après plusieurs autres candidatures sans réponse, j'ai commencé par repousser le négatif (j'ai démissionné), puis j'ai pris le taureau par les cornes (je suis allée chercher l'expérience qu'il me manquait).

Chaque année, WE organise une tournée dans les plus grandes villes nord-américaines (plus Londres) : le WE Day. Impossible d'acheter une place, il n'y a que deux options pour y participer :
1-en étant scolarisé / en enseignant dans une école qui récolte des fonds ;
2-en se portant bénévole... comme moi !

Étape n°1 : lundi 7 novembre, la formation :
Un bracelet, un T-shirt et une deux parts de pizza plus tard, j'étais parée... enfin, sauf pour la leçon de vie qui m'attendait.
Avant de nous enseigner la fameuse choré (!), Spencer West a été appelé pour venir nous parler. Tonnerre d'applaudissements dans le hall du Canadian Tire Center (le Q.G. des Sénateurs, l'équipe de hockey d'Ottawa), mais pas de Spencer en vue. Ben... heu... il est passé où ??? Ah, ben si, en fait, il était bien là, en train de monter les marches, puis le tabouret à la force des... bras ! Après une petite blague en guise d'introduction, Spencer nous a raconté son histoire : son amputation, d'abord au niveau des genoux, puis du pelvis, à cause d'une maladie génétique quand il était petit et les mots des médecins, lui prédisant une vie professionnelle et sociale bien vide. Aujourd'hui, Spencer a 35 ans et ça fait 9 ans qu'il travaille pour WE. Neuf ans (!) et 68 WE Day. Son métier ? Auteur et motivational speaker. Et quand on l'écoute, on comprend pourquoi. Oooh oui, il parle vraiment bien, ce Spencer. D'ailleurs, le jour marquant mes 5 mois au Canada / le début d'un nouveau chapitre, c'est exactement ce dont j'avais besoin. Après tout, si Spencer a réussi, alors moi aussi j'en suis capable. Détermination à fond les ballons - part two !

Étape n°2 : mercredi 9 novembre, D-Day WE Day :
Ce matin, au réveil (tôt, trèèès tôt !), puis pendant le trajet (le looong trajet en bus !), l'excitation avait laissé place à un état vaseux genre post-cuite, l'alcool dans le ventre en moins. D'abord, le Brexit. Et maintenant, l'élection de Donald Trump. What the f***??? Mais qu'est-ce qui nous attend, en France, dans six mois ??? Autant dire que ma foi en l'humanité a explosé en tous petits morceaux.
Et puis, une fois au Canadian Tire Center, les jeunes ont commencé à arriver. Le sourire aux lèvres, le regard qui pétille, avec, dans les mains, des pancartes "WE are the change." (=nous sommes le changement). Je les ai vus sauter, danser, chanter et même crier lors de la promesse d'engagement aux valeurs de WE. Ouaouh ! La boule qui assiégeait mon ventre s'est volatilisée, mes yeux se sont embués, les battements de mon cœur se sont accélérés. Tous ces petits êtres humains au taquet, si jeunes et déjà si engagés... Si je devais retenir une seule chose de cette incroyable journée ce serait que, OUI, il a encore de l'espoir. Tant qu'il y aura des jeunes, il y aura de l'espoir.
Cela dit, des choses à retenir, il y en a tellement que ce serait dommage de se limiter à une. Du coup, retour du Top 3, baptisé Chair-de-poule celui-là :
1. Le discours de Justin Trudeau :
Qui ça ? LE premier ministre canadien !!! Outre le fait qu'il est biiien mieux gaulé que François Hollande ou Donald Trump (ouai, je sais, pour quelqu'un qui se bat pour être appréciée au-delà de ses formes, ça fait un peu fais-ce-que-je-dis-pas-ce-que-je-fais... mais comme il est question ici de politique, c'est plutôt approprié, non ?!), il parle super bien, ce Justin ! Comme, en plus, les jeunes, c'est l'un de ses grands chevaux de bataille, ça donne des phrases du type "Je ne veux pas que vous laissiez qui que ce soit vous dire que vous êtes les leaders de demain parce que, ici, maintenant, vous montrez que vous êtes les leaders d'aujourd'hui."... et mon petit cœur qui fait boum-boum au rythme des applaudissements déchaînés ! Heu... dis donc Justin, tu voudrais-tu* emménager à l'Élysée ? Le bail est à céder dans six petits mois.
*Elle pique toujours autant à l'oreille cette tournure de phrase québécoise ! J'ai beau essayer de l'utiliser / de m'intégrer, il y a peu de chances pour que je m'y fasse un jour...
Ma seule petite déception, c'est de ne pas avoir vu sa femme, Sophie Trudeau, en vrai (elle a seulement fait une apparition dans une vidéo, cette année). Pourquoi ? Parce que le combat de Sophie (je parle d'eux comme si c'était mes potes, les Trudeau, j'avoue !), ce sont les droits des femmes et des enfants. Parce que, Sophie, elle travaille avec les Nations Unies. Parce que, Sophie, clairement, elle pète sa mère déchire !!!
2. Le chant de Pearl Wenjack :
Si le Canada met aujourd'hui en avant la culture des Premières Nations (comme ils les appellent ici), ça n'a pas toujours été le cas. Il n'y a encore pas si longtemps, les enfants autochtones étaient scolarisés dans des écoles résidentielles pour être assimilés. C'est en s'échappant de ce genre d'écoles que Chanie Wenjack est décédé il y a 50 ans. Aujourd'hui, c'est Pearl Wenjack, sa sœur, qui est montée sur scène avec Gord Downie (auteur d'une chanson sur l'histoire de Chanie) et son frère Mike pour chanter a cappella. Si sa voix a suffi, à elle seule, à me donner la chair de poule, ce sont les jeunes qui sont à l'origine du dressage du moindre poil de mes avant-bras. Les briquets sont dangereux ? No problem (je bilinguise !), aujourd'hui il y a les portables. Les fameux téléphones intelligents et leur lampe de poche intégrée, éclairées une à une partout dans l'immense salle de spectacle blindée. Ouaouh ! Comme quoi, dans la nouvelle technologie aussi, il y a un peu de magie...
3. Le discours de Paula Abdul :
Paula Abdul, c'est l'histoire d'une petite fille qui rêvait de danser. Comme ses parents ne pouvaient pas lui payer les cours, elle se contentait de regarder les autres élèves... jusqu'au jour où elle a demandé à la prof ce qu'elle pouvait faire (ménage compris) pour pouvoir participer. Aujourd'hui, Paula Adbul est danseuse, chorégraphe et chanteuse. Elle a vendu des millions d'albums, mené l'équipe de pom-poms girls des Lakers de Los Angeles, chorégraphié des clips des Jackson 5 et Janet Jackson (pour ne citer qu'eux) et, plus récemment, fait partie du jury d'émissions comme American Idol ou X Factor. Une carrière de fou ! Carrière qu'elle doit à une personne. Une personne qui a accepté d'attraper sa main lorsqu'elle en a eu besoin, une personne qui lui a permis d'accéder à ce qui lui tenait le plus à cœur.
Une petite fille ordinaire au destin extraordinaire. Son histoire m'a énormément marquée. Moi aussi, je suis ordinaire. Moi aussi, je sais ce que je veux faire. J'ai la motivation, j'ai les compétences. Ce qu'il me manque aujourd'hui c'est ma personne. Et s'il fallait que je vise plus haut ? Une personne qui croit aussi fort que moi en un monde meilleur, une personne convaincue que, NON, que l'on soit Pakistanais ou Canadien, 12 ans ce n'est pas "beaucoup trop jeune" pour défendre le droit pour chaque enfant d'être scolarisé. Et si ma personne c'était deux frères ?

Dear Craig, Dear Marc,
Would you believe me if I told you that yesterday I was a volunteer; tomorrow, I will be your employee?

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Liens :
Site internet de WE (français)
Biographies de Craig et Marc Kielburger, les co-fondateurs de WE (français)
Discours de Justin Trudeau - WE Day Ottawa 2016
 (bilingue)

Chant de Pearl Wenjack - WE Day Ottawa 2016
Chanson de Gord Downie "The Stranger"
Film de Gord Downie "The Secret Path" (anglais)

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