Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Souviens-toi
Souviens-toi
Publicité
Newsletter
7 décembre 2016

J+183 : Adi'rondack

'Adirondack. A'dirondack. Adi'rondack. Adiron'dack.
Une frontière. Un état. Un parc. Une randonnée. Quatre possibilités d'intonation.
Heureusement que la prononciation n'est pas un critère rédhibitoire pour les douaniers américains parce que, avec autant de possibilités, c'était mal barré !

La douane américaine, parlons-en.
Pour l'avoir maintes et maintes fois côtoyée, tu sais que c'est un mauvais moment à passer. Guide touristique en mains, tu sors de la voiture et, accompagnée d'un douanier robocop-isé, tu te diriges vers le bureau où de nombreux autres cowboys douaniers vont te dévisager. Inspiration, expiration... tu commences à stresser. Tu n'as aucun enjeu vital à la clé, ni même quoi que ce soit à te reprocher mais, ça aussi tu le sais, c'est systématique : tu perds ton vocabulaire et tu te mets à bégayer. Tu donnes au douanier toutes les informations exactes du lieu de randonnée (Mont Cascade, Keene, état de New York), tu poses tes doigts sur la machine à empreintes et - Tu crois qu'ils la nettoient parfois ?, vue la quantité de traces de doigts, je ne pense pas, mais merci coloc' chérie adorée pour cette remarque décalée dans un moment totalement inapproprié ! - tu te retiens de rigoler. Dépossédée des frais de douane terrestre, tu récupères ton passeport et, de retour dans la voiture, une fois la pression retombée, tu réalises que tu as complètement zappé l'essentiel : demander où on mettait l'intonation ! Pour une fois que tu tombais sur un douanier qui sourit, en plus, c'est balo !

Après deux bonnes heures de route vient le moment de s'équiper. Et là, pour palier aux -10°C, faut pas déconner :
- tête : écharpe, bonnet, capuche
- buste : débardeur, gilet, polaire, anorak
- jambes : legging rembourré, pantalon de ski
- mains : gants, moufles
- pieds : grosses chaussettes d'anniversaire, bottes fourrées (l'occasion ou jamais de les inaugurer).
Le plus drôle c'est quand, à peine équipée, tu dois tout enlever pour aller pisser (quelle idée aussi de boire du thé !?). Enfin, nan, le plus drôle, réellement, ce sont les deux petites cabanes en bois isolées, entourées de neige où tu vois teeellement rien que tu envisages d'ouvrir la porte. Ouverte ou fermée, de toute façon, tu as les fesses congelées !

Une fois rhabillée, tu commences à crapahuter. Du moins, tu essaies parce que tous ces arbres recouverts de neige fraîche non souillée, la magie de l'hiver qui prend le pas sur les feuilles d'automne encore accrochées... clic clic clic par-ci, clic clic clic par-là, tu ne peux pas t'empêcher de tout photographier. C'est tellement beau ! À force de t'arrêter, tu finis par te retrouver toute seule au milieu de la forêt figée sous son grand manteau blanc isolant. Aucun bruit aux alentours et au-dessus de ta tête, un toit de nuages tel un bouclier de protection. Et, de temps en temps sur le sol, des petites traces de pas. Un écureuil ? Un tamia ? Tu te demandes ce qui a bien pu passer par là avant toi.

Bon, d'accord, derrière cette image idyllique, grimper dans la neige fraîche qui a, par moments, déjà eu le temps de geler, c'est aussi t'enfoncer dans la poudreuse, glisser ou littéralement t'affaler comme une grosse merde ! Mais, pour ma défense, ce n'est arrivé qu'une fois, vers la fin, dans une partie vraiment en pente et poudreuse. Et puis, en plus du terrain hostile, c'était l'heure de manger alors mon cerveau n'était plus vraiment concentré.

Pique-niquer tout en haut, c'est ton moment préféré dans une randonnée : le soleil, la vue... sauf que là, c'était plutôt loupé ! Non seulement les nuages ne s'étaient pas dissipés mais, pire, avec le vent, ils continuaient de monter. Du coup, tu dégustes ton repas sans soleil, ni vue. Enfin, "dégustes"... vu le froid, "dégommes" serait plus approprié !

Moyennement convaincue, mais déterminée à ne pas devenir, à l'image de tes cheveux, une sculpture de glace pétrifiée, tu te lances à la conquête des derniers petits mètres de dénivelé. Une fois tout en haut, revirement de situation : le vent continue de balayer les nuages mais, cette fois, à ton avantage.
Après une longue partie de cache-cache, elles étaient là, les montagnes. Grandes, majestueuses, aux sommets enneigés. Les sapins, sous la neige glacée, semblaient pétrifiés et le soleil, immense, brillait au point de te faire plisser les yeux. Après un mois entier de grisaille, j'étais tellement contente de le retrouver ! Moi qui passe mes journées enfermée dans ma chambre ma prison à rédiger candidature sur candidature, au sommet du Mont Cascade, au-dessus d'une immense mer de nuages, sous un soleil réchauffant, je me sentais bien. Vivante. Les montagnes, la nature, l'air frais qui remplissait mes poumons, le temps aurait pu s'arrêter : perchée tout là-haut, j'étais comme à la maison.

art

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité